Consolation

Auteur: 
Anne Dauphine Julliand
editeur: 
les Arenes
Année de parution: 
2020-01-01 00:00:00
critique: 

 

Œuvre "vraie", excellemment écrite, très bien structurée, abordant le sujet du deuil par perte d'enfants (deux dans le cas présent) sous ses différents aspects. Livre qu’on ne lâche que difficilement, chaque chapitre lu amenant le lecteur à vouloir entamer tout aussitôt le suivant...

J'ai donc beaucoup aimé la qualité de l'écriture et sa musique, langue ciselée, précise et juste. Et en même temps d’abord très facile. A tel point qu’emporté par l’élan et  subjugué en quelque sorte par cette qualité d'écriture je me suis surpris à deux ou trois reprises à acquiescer intérieurement à certaines de ses réflexions et assertions alors même qu’en fait, en y réfléchissant je n’y adhérais pas vraiment. La beauté de la forme… Qui s’allie ici à un fond riche et solide –même si donc on peut n’en pas tout partager. A noter l’absence de pathos inutile et même en quelque sorte une certaine mise à distance amenant à une approche raisonnée et intelligente de ce qu’est cette forme de deuil.

Nous nous sommes, Marianne et moi,  globalement retrouvés dans le parcours décrit, les questionnements soulevés, les difficultés d’adaptation réciproques qui ne manquent pas d’apparaitre entre l’entourage et la personne endeuillée,…etc., bref les différents aspects de la souffrance et des difficultés de tous ordres que ce drame inflige tant à la famille qu’aux proches et moins proches.

Son approche de la notion de consolation amène à réfléchir et ouvre sur une forme d’espérance.

Le parallèle final avec l’art japonais du kintsugi est intéressant, cet art qui vise à consolider les brisures d’un vase précieux par un jointoiement à l’or fin  –les rendant ainsi, paradoxalement pour nous, plus visibles. La soudure redonne ainsi au vase sa solidité mais ne cherche nullement à être dissimulée. Tout au contraire. Au sens métaphorique, accepter donc de ne pas cacher nos cicatrices, témoignages de notre parcours de vie. Mais acceptera-t-on pour autant de les exposer ?

Je ne peux à titre personnel que conseiller la lecture de cet ouvrage, tant aux personnes concernées qu'à celles qui  ne le sont qu’indirectement.

PT

Livre en bibliothèque au Local

Synopsis: 
AMAZON: Thaïs est une petite fille de deux ans sans histoire jusqu'au jour où sa démarche intrigue sa mère. Les médecins découvrent alors une maladie incurable qui l'emporte en quelques mois. Enceinte, Anne-Dauphine apprend peu après que son bébé est atteint de la même maladie. Greffée à sa naissance, Azylis grandit jusqu'à ce que la maladie la rattrape. Elle meurt à dix ans. " J'ai beaucoup souffert et je souffre encore. Mais j'ai appris la consolation. Ce délicat rapport à l'autre : s'approcher, toucher, parler. " Ce livre parle de ceux qui consolent et de ceux que l'on console. Grâce à des scènes vécues, Anne-Dauphine partage ses réflexions qui touchent juste. Elle évoque ses deux filles, Thaïs et Azylis, mais aussi Loïc, son mari, Gaspard son fils aîné et enfin Arthur, le petit dernier. Son récit est aussi un bel hommage à tous les consolants : une sœur qui vous prend dans les bras, une infirmière qui s'assoit sur le bord du lit et prend juste le temps " d'être-là ", un peu de vernis à ongle qui aide à aimer la vie malgré tout. Elle a le don de ces scènes courtes qu'elle rend inoubliables. Anne-Dauphine Julliand sait que la souffrance se passera pas mais qu'elle peut s'apprivoiser. Quand on lui demande comment fait-elle quand elle est triste, elle répond qu'elle a un truc imparable : elle pleure. Avec simplicité et profondeur, Anne-Dauphine nous guide sur le chemin de la consolation. Les lecteurs de ce livre n'hésiteront plus jamais à serrer dans leurs bras celui ou celle qui souffre. " J'ai perdu mes filles. Je le dis le cœur habité par deux sentiments que l'on croit souvent contraires : la douleur et la paix. La douleur de celle qui pleure. Et la paix de celle qui est consolée. "